- BRÉSIL - Actualité (1990-1996)
- BRÉSIL - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique fédérative du BrésilPolitique intérieureLe 15 mars 1990, le populiste de droite Fernando Collor, élu président de la République le 17 décembre 1989, succède officiellement à José Sarney.Les élections législatives régionales et fédérales sont marquées par une forte abstention. Les résultats confirment le maintien en place des oligarchies locales conservatrices, favorables au chef de l’État, dont les partisans ont toujours la majorité absolue dans les 2 Chambres. Pour l’élection des 27 gouverneurs, Leonel Brizola, chef du Parti démocratique du travail, élu de Rio de Janeiro, est le seul membre de l’opposition à l’emporter dès le premier tour (3 oct.). Mais, lors du second tour (25 nov.), les 15 gouverneurs élus sont pour la plupart opposants déclarés, ce qui représente un échec pour le président Collor.Le 24 août 1992, la commission parlementaire, nommée après les accusations de corruption portées contre Fernando Collor par son propre frère, rend public son rapport. Celui-ci confirme que le président Collor a «de manière permanente, tout au long de ses deux années et demie de mandat, reçu des avantages économiques indus sous la forme de dépôts bancaires» sur les comptes de secrétaires ou de membres de sa famille et l’accuse de corruption passive et de forfaiture. Des centaines de milliers de Brésiliens manifestent les 25 et 26 dans les principales villes du pays pour réclamer la démission du chef de l’État. Une procédure de destitution est engagée, 441 des 503 députés à l’Assemblée nationale se prononçant en sa faveur (29 sept.). Fernando Collor, suspendu de ses fonctions le 29 septembre, présentera sa démission le 29 décembre. Le président par intérim, Itamar Franco, est aussitôt élu chef de l’État (30 sept.). Le Sénat reconnaît Fernando Collor coupable de corruption et le condamne à 8 années de suspension de ses droits civiques (30 déc.). L’ancien président devra encore répondre de crimes de droit commun. Itamar Franco déclare qu’il privilégiera la lutte contre la misère, les inégalités sociales et la corruption.Le 21 avril 1993 est organisé un référendum, prévu par la Constitution de 1988, sur la nature du régime qui sera instauré en 1995. Les Brésiliens se prononcent à 66,1 p. 100 en faveur de la république, contre 10,2 p. 100 pour la monarchie. Le maintien du régime présidentiel recueille 56,4 p. 100 des suffrages contre 24,7 p. 100 pour le régime parlementaire.Le 9 mars 1994, le Congrès entérine la réduction du mandat présidentiel de 5 à 4 ans.Le 1er mai, le Parti des travailleurs annonce officiellement la candidature de Luis Ignacio da Silva, dit «Lula» à l’élection présidentielle d’octobre.Le 3 octobre, Fernando Henrique Cardoso, fondateur du Parti social-démocrate et ancien ministre du président Itamar Franco, remporte l’élection présidentielle, dès le premier tour, avec 54,3 p. 100 des suffrages, contre 27 p. 100 à son principal adversaire, «Lula». Fernando Henrique Cardoso était candidat d’une coalition composée de sa propre formation et du Parti du front libéral (droite) de Marco Marcial. Il sera investi le 1er janvier 1995.Le 12 décembre, le Tribunal fédéral suprême acquitte, faute de preuves, l’ancien président Fernando Collor, qui était accusé de corruption. Toutefois, la peine de suspension de ses droits civiques pour 8 ans, infligée par le Sénat en 1992, reste en vigueur.Le 28 août 1995, lors d’une cérémonie solennelle, le président Fernando Henrique Cardoso signe le projet de loi relatif à l’indemnisation des familles des personnes «disparues» sour le régime militaire, entre 1964 et 1985. Il confirme toutefois que les responsables des tortures et des exécutions ne seront pas poursuivis, en application de la loi d’amnistie adoptée en 1979.En octobre 1996, le président Cardozo engage la procédure de révision constitutionnelle qui vise à lui permettre de se représenter au scrutin présidentiel prévu pour 1998.Vie économiqueLe 16 mars 1990, Fernando Collor présente un plan économique rigoureux, «Nouveau Brésil», destiné à enrayer une inflation de près de 100 p. 100 par mois. Ce plan de «reconstruction nationale» prévoit un gel très sévère de l’épargne et des dépôts bancaires, l’instauration d’un contrôle des prix et d’impôts nouveaux, la création d’une nouvelle monnaie – le cruzeiro – et la réduction radicale du déficit public. Des mesures de libéralisation de l’économie visant à ouvrir celle-ci sur l’extérieur sont également décidées. Les premiers résultats sont compromis à partir d’août par les conséquences de la guerre du Golfe. La position de Brasília sur le remboursement des intérêts dus aux banques se durcit.En 1991, le plan Collor ne donne pas les résultats escomptés: le pays se dirige à nouveau vers l’hyperinflation, en même temps que la récession s’aggrave.En 1992, Itamar Franco maintient la ligne économique de son prédécesseur, marquée par l’ouverture, l’austérité budgétaire et les privatisations, en tenant davantage compte de ses conséquences sociales.En 1993, le pays est en proie à l’indécision et aux flottements. Les plans de stabilisation apparaissent comme autant de vœux pieux et les ministres se succèdent à un rythme accéléré. Itamar Franco a pourtant su faire appel à la coopération des gouverneurs des États, des députés, des maires et des chefs d’entreprises. Le 2 février, le Parlement adopte une réforme fiscale, qui permettra une première mise à contribution de l’économie souterraine qui emploie près de la moitié de la population. En avril, les premiers signes d’une reprise économique se manifestent. Mais la politique du laisser-faire qu’il a fallu pratiquer maintient l’inflation aux environs de 35 p. 100 par mois, ce qui exclut un nouvel accord avec le F.M.I. Cette institution avait suspendu en juillet 1992 l’accord conclu en janvier de la même année, en raison du manquement de Brasília à ses engagements en matière de stabilisation. En avril également, Itamar Franco annonce un plan économique d’urgence incluant des coupes budgétaires, une accélération des privatisations et une stimulation de l’activité par le rétablissement de subventions et une baisse des taux d’intérêt. Ce programme est renforcé le 14 juin par un «plan d’action immédiate» mettant l’accent sur le redressement des finances publiques. Le 2 août, le cruzeiro est remplacé par le «cruzeiro real», les signes monétaires perdant 3 zéros. Un nouveau plan est présenté en décembre, le septième en 7 ans, prévoyant une élimination du déficit budgétaire en 1994 et la création d’une nouvelle monnaie.Le 26 janvier 1994, le Congrès entérine 5 décrets présidentiels qui autorisent le gouvernement à augmenter les impôts et à diminuer les dépenses publiques, en vue d’éliminer le déficit budgétaire, première étape du plan de stabilisation arrêté par le ministre des Finances Fernando Henrique Cardoso. La deuxième étape consistera à créer un nouvel indice des prix qui – troisième et dernière étape du plan Cardoso – se transformera, le 1er juillet, en nouvelle monnaie, le real, dotée d’une parité de 1 pour 1 avec le dollar. Le coût social de ce programme est atténué au moyen d’un fonds social d’urgence de 16 milliards de dollars adopté par le Congrès en février. En quelques mois, le taux mensuel d’inflation passe de 50 p. 100 à quelques points de pourcentage. Ce succès explique l’élection de Fernando Henrique Cardoso à la présidence de la République, en octobre.Le 15 avril, le pays conclut un accord avec quelque 750 banques étrangères pour le rééchelonnement de 49 milliards de dollars de dettes sur un total de 120 milliards de dollars.En 1995, le gouvernement parvient à maîtriser la surchauffe du début de l’année, due à une progression de la consommation consécutive à l’application du Plan real. L’inflation est réduite sans que la croissance soit brisée dans son élan. Des mesures sont prises pour lutter contre la dégradation du commerce extérieur causée par l’appréciation du real par rapport au dollar.Le 7 mars, le gouvernement décide d’étendre les privatisations au secteur bancaire et, surtout, à l’entreprise minière Vale do Rio Doce, première exportatrice mondiale de minerai de fer.En juillet, le Congrès adopte la réforme constitutionnelle qui autorise la fin du monopole de l’État sur les communications (Telebras) et, en novembre, celle qui permet de mettre un terme au monopole étatique sur la production et la distribution d’hydrocarbures (Petrobras).L’année 1996 marque un certain essoufflement du Plan real. Le ralentissement de la croissance éloigne les risques de surchauffe et l’inflation continue de diminuer, mais le niveau très élevé des taux d’intérêt, le creusement des déficits public et commercial et le fort accroissement de la dette publique sont sources d’inquiétude. Les investissements étrangers sont en augmentation sensible, mais la seule privatisation importante effectuée durant l’année est celle de Light, la compagnie d’électricité de l’État de Rio, cédée en mai pour 2,2 milliards de dollars.Relations internationalesGeorge Bush rencontre les dirigeants brésiliens lors d’une tournée en Amérique latine (3-8 déc. 1990), la première d’un président américain dans la région depuis 30 ans, dans le cadre du vaste programme de coopération baptisé «Initiative pour les Amériques». Les questions de la dette et des échanges dominent les entretiens.Le 26 mars 1991, le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay signent le traité créant le Mercosur, le marché commun les unissant.En janvier 1992, le Brésil, dont la dette extérieure se monte à 122,2 milliards de dollars, obtient un prêt stand-by du F.M.I. et, en février, un accord de principe du Club de Paris pour le rééchelonnement sur 14 ans de sa dette publique.Le 9 juillet, un pas décisif vers la réintégration du marché financier international est franchi par la conclusion d’un accord à New York sur la renégociation des 44 milliards de dollars de la dette du Brésil à l’égard des banques commerciales; les modalités d’application font l’objet d’un accord entre Brasília et les banques le 21 septembre.Le 1er janvier 1995, le Mercosur entre en vigueur. Il s’agit de la quatrième union commerciale mondiale après l’A.L.E.N.A., l’Union européenne et l’A.P.E.C.
Encyclopédie Universelle. 2012.